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Photo du rédacteurRomain Colonna

Appel à contribution : ouvrage sur l'auto-odi

Dernière mise à jour : 24 mars 2020


Appel à contribution pour un ouvrage collectif sous la direction de

Carmen Alén Garabato (Université de Montpellier 3) & Romain Colonna (Université de Corse)

L’AUTO-ODI [HAINE DE SOI] EN SOCIOLINGUISTIQUE

Nous sommes partis du constat suivant : il n’existe aucun ouvrage scientifique de référence dans la littérature francophone à propos de la notion d’auto-odi [haine de soi], notion pourtant essentielle dans la compréhension des processus de substitution et d’abandon individuel et/ou collectif d’une langue en situation de domination, de minoration et d’idéologisation diglossique.

Nous pouvons rappeler avec Georg Kremnitz (1980 : 25)[1] qu’« il y a une première attitude qui consiste dans l’identification du locuteur avec le groupe dominant et, par conséquent dans le refus de son propre groupe […] ». Ce phénomène selon Kremnitz (ibid.) a été décrit en général « sous le terme d’aliénation culturelle et linguistique, mais la sociolinguistique catalane a centré son intérêt sur la phase aiguë de ce complexe […] » à travers l’auto-odi.

Le premier à avoir utilisé le terme d’auto-odi en sociolinguistique a été Rafael Lluis Ninyoles dans son ouvrage Conflicte lingüístic valencià (1ère édition 1969)[2] dans le cadre de ses réflexions sur les conséquences de l’abandon de la langue propre au profit de la langue du groupe dominant. Ninyoles emprunte le terme au psychologue nord-américain Gordon W. Allport[3] et l’utilise en mettant entre parenthèses la forme anglaise du terme self-hatred. Pour lui l’auto-odi relève de « l’identification » (imitation inconsciente) au groupe dominant dans la mesure où l’individu concerné en arrive à regarder sa propre communauté à travers les yeux du dominant. Cela le conduit à répudier les caractéristiques du groupe auquel il appartient.

Dans ce cas extrême de névrose diglossique, l’abandon de la langue propre au profit de la langue dominante s’accompagne d’un sentiment conflictuel d’« hostilité » contre le groupe d’origine, du besoin d’« infliger aux inférieurs le mépris qu’eux-mêmes reçoivent de leurs supérieurs », d’une « intolérance militante » envers ceux qui continuent à utiliser la langue (Ninyoles 1969 : 81).

La violence, pour certains excessive, portée par ce mot, a provoqué de nombreuses réactions dans la communauté de chercheurs. Mais ceci n’a pas été un obstacle pour qu’il soit largement utilisé en sociolinguistique, à tel point que, cité en catalan, il n’est parfois même pas signalé par des italiques ou des guillemets et l’auteur qui est à l’origine de son utilisation n’est souvent même plus mentionné en référence.

Près de 50 ans après l’apparition de ce terme dans l’ouvrage de Ninyoles, nous souhaitons revenir sur ce concept clé et évaluer son actualité et sa pertinence dans des contextes sociolinguistiques divers.

Nous lançons donc un appel à contribution pour un ouvrage collectif sur ce sujet qui sera publié aux éditions L’Harmattan dans la collection « Sociolinguistique » au début de l’année 2016.

Les contributions devront s’insérer dans une ou plusieurs des orientations suivantes :

  • Réflexion épistémologique sur le concept d’auto-odi.

  • Évaluation dans des contextes précis et divers de sa pertinence et de son actualité.

  • Proposition d’une analyse de la dynamique de l’auto-odi chez les locuteurs dans des contextes sociolinguistiques dans lesquels il y a eu une intervention glottopolitique en faveur d’une langue minorée. Il s’agira d’envisager le(s) traitement(s) possible(s) de l'auto-odi. Cette troisième partie pourra faire apparaître précisément les limites et les perspectives de tel ou tel traitement.

Modalités de contribution

Les propositions doivent être envoyées en français au format Word (4 000 signes tout compris) aux deux adresses email suivantes : carmen.alen-garabato@univ-montp3.fr ; rumanu.colonna@gmail.com

Elles devront faire clairement apparaître leur adéquation à au moins une des thématiques listées ci-dessus. Outre l’adéquation et l’originalité de l’article, l’attention du comité scientifique portera également sur la solidité de la démarche méthodologique proposée, la qualité des analyses envisagées, la cohérence argumentative et la structuration envisagée de l’article.

Calendrier de publication

  • 1er avril 2015 : les propositions de contribution (4 000 signes tout compris) devront être envoyées aux deux coordinateurs avant le 1er avril 2015.

  • 1er mai 2015 : réponse aux auteurs après décision du comité éditorial (après une double évaluation anonyme par le comité scientifique international) dont l’acceptation vaudra encouragement mais non pas engagement de publication.

  • 31 juillet 2015 : réception des articles

  • Septembre-octobre 2015 = période d’évaluation (comité scientifique international)

  • 1er novembre 2015 : acceptation définitive.

  • Courant janvier 2016 : édition de l’ouvrage

[1] Kremnitz Georg, 1980, « Démarches et particularités de la sociolinguistique catalane », in B. Gardin, JB. Marcellesi & GRECO, Sociolinguistiques. Approches, théories, pratiques, Paris, PUF, p. 21-33.

[2] Ninyoles Rafael L. 1969, Conflicte lingüístic valencià, Barcelona, Edicions 62.

[3] Allport Gordon W., 1962, La naturaleza del prejuicio, Buenos Aires, Eudeba, trad. cast. de The Nature of Prejudice, Cambridge (MA), Addison-Wesley, 1954.



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